ALLIANCE (Grande-Bretagne)

ALLIANCE (Grande-Bretagne)
ALLIANCE (Grande-Bretagne)

ALLIANCE, Grande-Bretagne

Dans le système politique britannique, l’Alliance désigne l’association de deux partis dits mineurs: le libéral et le social-démocrate. Progressivement constituée à partir de septembre 1981 et l’acceptation par le congrès libéral d’un pacte électoral, elle a été baptisée par des affiches lors de l’élection partielle de Croydon en octobre 1981 et avalisée ensuite par les leaders des deux formations.

L’Alliance est née d’une nécessité ressentie des deux côtés. Les libéraux, traumatisés par leur lourde défaite électorale de 1979, en partie liée aux problèmes judiciaires de leur ancien leader Jeremy Thorpe, ont besoin d’une nouvelle donne: leur chef, David Steel, se rallie très vite à la chance offerte par la scission du Parti travailliste et la constitution en mars 1981 du Parti social-démocrate. Ce dernier, au bout d’un an fort de vingt-neuf députés aux Communes, et qui se targue d’une base militante de soixante-dix mille membres dès la fin de 1981, ne peut pas espérer triompher, dans le système électoral britannique, sans une union avec les libéraux: Roy Jenkins, qui devient leader du parti en 1982, en fait un article de foi.

Tout ne se réduit pas à une stratégie électorale. En juin 1981, les deux formations se mettent d’accord sur un programme commun intitulé «Un nouveau départ pour la Grande-Bretagne». Amendé au cours des mois suivants, ce programme inclut une législation sur les syndicats et l’obligation d’un vote préalable avant toute grève, la promesse d’une lutte prioritaire contre le chômage pour le réduire à moins d’un million de chômeurs, ainsi qu’une série de réformes constitutionnelles, dont l’instauration du suffrage proportionnel, une charte des libertés, la dévolution de pouvoirs à l’Écosse et au pays de Galles. Curieusement, en matière de défense, l’accord s’est fait sur un désaccord: les libéraux, très hostiles à l’installation de nouvelles fusées américaines en Angleterre; le S.D.P., atlantiste déterminé. Pour conduire le combat électoral, on décide aussi de confier à Roy Jenkins le rôle de candidat au poste de Premier ministre suffragant, mais d’équilibrer cette position dominante en laissant à David Steel le soin de mener la campagne. Un minutieux partage des circonscriptions, très avantageux pour les libéraux, atteste aussi la volonté de chacun de ne pas brader ses acquis propres.

Les espoirs de victoire, autorisés avant 1983 par les sondages d’opinion et par de brillants succès à des élections partielles, ne sont pas infirmés en juin 1983: avec 25 p. 100 des voix, l’Alliance se situe à moins de trois points du Parti travailliste. Mais le système électoral transforme ce triomphe réel en victoire à la Pyrrhus: vingt-trois députés seulement, dont dix-sept libéraux. Parmi les explications «extérieures» de cette déception, l’«effet Malouines»: les conservateurs ont bénéficié pleinement d’un réveil nationaliste conjoncturel lié à l’énergie de la «Dame de fer» dans la guerre des Malouines contre l’Argentine.

À partir de 1983, le destin de l’Alliance est marqué par un changement d’équilibre interne: David Steel et les libéraux se sentent plus forts que les sociaux-démocrates de David Owen et sont tentés, pour certains, de revenir aux vains espoirs d’une renaissance purement libérale. L’opiniâtreté de David Steel prévient un tel revirement.

L’Alliance continue d’apparaître susceptible de rendre vie à un système politique sclérosé par la domination des travaillistes et des conservateurs. Cette opinion se traduit dans les sondages et aussi lors d’élections partielles, qui sont autant de votes de protestation contre le pouvoir en place. Les élections de juin 1987 démontrent les inconvénients persistants du système électoral et la difficulté de convaincre l’électeur: avec environ un cinquième des suffrages, l’Alliance a vu réduire encore sa représentation. Seule une fusion des deux formations paraît à certains encore prometteuse.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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